LA BOURSE ECONOMIQUE, UN INSTRUMENT DE PREVENTION ET DE LUTTE CONTRE LES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES ET AUX FILLES

AUTEUR : EMILIE NDIERE GUEYE, Experte en Communication

Thiès et Kaolack , zones pilotes d’offre de services de prise en charge intégrés et holistiques des victimes de violences

Dans le souci de contribuer au renforcement de la résilience des victimes et survivantes de VFF, il a été mis en place un programme de filets sociaux productifs communément appelé Bourse économique au profit de ces dernières.

La stratégie d’intervention repose sur un système de transferts sociaux et s’inspire du modèle de bourses économiques aux ménages vulnérables, développé au sein de la CSO PLCP pour stimuler leur productivité et leur autonomisation économique. Le Projet cherche ainsi à garantir aux bénéficiaires l’accès aux opportunités d’emplois et de création de revenus pour le bien-être de leur famille, l’éducation et la santé des enfants. C’est dans ce cadre que l’APROFES à Kaolack et l’antenne CLVF de Thiès deux ONG spécialisées dans l’ingénierie sociale relativement aux stratégies de protection des groupes vulnérables et la mise en œuvre d’initiative d’autopromotion ont été identifiées et impliquées comme partenaire d’exécution du programme de bourses économiques. Il s’agit aussi de consolider et de renforcer, sur la base des résultats enregistrés à Thiès lors de la phase 1 du projet, les acquis tout en procédant à son extension dans la région de Kaolack.

Selon M. Ousmane KA, Coordonnateur national de la CSOPLCP « ce programme est un coup de pouce indispensable pour briser le cycle de la pauvreté des femmes et filles victimes de violence, quand on sait que la pauvreté est souvent le nid de la violence conjugale ». C’est une enveloppe d’un montant de 20 000000 Fcfa qui a été dégagée pour permettre aux victimes et survivantes de VFF de faire face aux dépenses essentielles et restaurer leur dignité. La priorité étant accordée aux femmes vulnérables, sans revenus régulier et ne bénéficiant pas de régime de protection sociale, 200 femmes vulnérables (100 dans chaque région) ont été ainsi identifiées par les comités mis en place par le Projet.

L’autonomisation économique des femmes visée depuis la phase 1

Pour rappel, le PASNEEG dans sa phase 1 a pu développer des services intégrés de prise en charge des VBG dont l’objectif est d’éradiquer tous les blocages juridiques et les pesanteurs socioculturelles pour permettre aux femmes de jouir d’une pleine citoyenneté et de libérer leurs potentialités. Ainsi, en plus de services juridiques gratuits, de l’hébergement, de l’accompagne­ment psychosocial et médical des victimes, l’insertion socioéconomique des femmes survivantes de VBG a constitué une option phare de sa stratégie d’intervention.

Derrière ce soutien financier sous forme de financement des initiatives économiques femmes vulnérables, l’objectif du PASNEEG I a été de garantir un processus d’acquisition de pouvoirs : pouvoir de travailler, gagner sa vie, d’avoir son mot à dire sur son projet de vie sociale, être écoutée et de pouvoir participer aux choix et décisions sociales qui touchent sa famille et sa communauté. Pour ce faire, il est indispensable que les femmes aient un accès accru à tout l’éventail de crédits et de services d’encadrement/coaching de manière à mettre en valeur tout leur potentiel et opti­miser ainsi le développement de leurs actifs. Dans ce cadre le projet a réalisé les activités allant de la Formation et l’accompagnement des initiatives économiques au Gérer Mieux son Entreprise (GERME), en passant par les différentes filières techniques comme la boulangerie-pâtisserie, la production de craie, la réparation de téléphones portables et l’aviculture. Le maraîchage, l’embouche ovine et le management d’un salon de coiffure n’ont pas été en reste. Les 130 femmes vulnérables ciblées dans la région de Thiès ont ainsi pu bénéficier de l’appui technique et fi­nancier du PASNEEG I articulé autour du renforcement de leurs capacités techniques et managériales, du financement d’ activités génératrices de revenus et d’accompagnement/coaching pour renforcer leur performance et garantir les conditions de pérennisation.

 

Le Récit de vie d’une dignité retrouvée

De victime de violence conjugal à commerçante chevronnée. 

Mme Coumba Fall fait partie de la longue liste des bénéficiaires de bourse économique du Projet d’Appui à la Stratégie nationale pour l’Equité et l’Egalité de Genre (PASNEEG) lors de sa première phase. Comme elle a eu à le souligner, son quotidien s’est très rapidement amélioré avec l’arrivée du projet. Ménagère divorcée avec 6 enfants à charge demeurant au quartier Darou Touré, dans la commune de Thiès-est, Coumba Fall âgée de 50 ans, est vendeuse de produits halieutiques au marché Moussanté de Thiès.

Avec un financement de 285 000 FCFA du PASNEEG à travers la mutuelle d’épargne et de Crédit “Dooleel Jigeen” (MEC DOLJI) de Thiès, Coumba Fall s’est vite insérée dans ce projet commercial de produits halieutiques : poissons fumés, poissons séchés, symbium « yét », etc. Les produits sont acquis auprès de fournisseurs au niveau des marchés de gros de Lompoul et de la petite côte. Et la revente se fait en demi gros et au détail auprès de clients potentiels des différents marchés (marché central, marché “SAM”, marché “Moussanté”) de Thiès qu’elle connaît assez bien. 

Résultat des courses, connaissant bien son créneau et animée d’une volonté inébranlable de changer son quotidien, la bénéficiaire s’est retrouvée très rapidement dans une situation commerciale florissante. « Je puis dire que le projet a beaucoup changé ma vie », lâche-t-elle. Avant de poursuivre : « Grâce au financement du PASNEEG, je parviens à payer régulièrement les études, fournitures et scolarité de mes enfants avec les bénéfices générés. Résultat, mes deux fils ont pu décrocher respectivement le Bfem et le Bac ».

Entre autres facteurs qui ont permis à Coumba Fall d’arriver à ce niveau de résultat, figure en bonne place la formation et le suivi offerts par le projet à travers le CEDAF. « Avec les modules de formation dispensés par le projet, nous avons pu acquérir des connaissances en techniques de vente et de pérennisation de notre activité », reconnaît-elle.